Nous avons d’un commun accord, à l’unanimité, décidé d’attribuer la Médaille d’or à Antoine Helou et Rocco Le Flem pour leur numéro de mât chinois. Sublime, parfait. De grands artistes de cirque sans aucun doute.

Formés chez Michel Nowak à l’école de cirque des Noctambules, ils font partie du spectacle Bambous de souffle, création de la compagnie Armance Brown et Bruno Krief. 

Leur façon d’être en piste évoque la densité du rocher, la puissance et la légèreté du chat sauvage, la sagesse du fou. Ils sont beaux, d’une beauté qui tient autant à leurs qualités qu’à leur apparence. Sobres, juste. Le hasard n’a pas sa place dans leur histoire. Ils investissent le temps et l’espace et leur numéro avec une intensité dramatique sans équivoque. Rigoureux.

Ils évoluent au rythme d’une sorte de jeu subtil entre rivalité et complicité. Aucune facilité. Authentiques. Plantés, ancrés au sol et puis soudain agiles, libérés, fougueux, ils s’élèvent à la force de leurs bras, les mains, les doigts serrés, desserrés, serrés, desserrés. Jubilation de l’exploit, satisfaction du bel ouvrage. Ils sont heureux à l’évidence. Le public aussi.

Ciselée, précise, leur gestuelle parfait évoque l’élégance détachée de ceux qui connaissent leur force. La force et le vouloir qui autorisent une telle prise de risque, une telle maîtrise.
Pour ces aristocrates de la piste, le mot « travail » ne convient pas, c’est de l’art, du grand art. 
Leur duo pourrait se dire danse ascensionnelle, épiphanie acrobatique, équilibres aériens, il pourra se dire car il n’existait pas avant, il pourra se dire parce qu’il n’existait pas encore de mot pour le décrire. Mât chinois ne suffit plus.
Leur duo se fait, se confirme à chaque évolution, se construit chaque fois comme une première fois, l’un à l’écoute de l’autre, l’un après l’autre, harmonieusement, musicalement.

Axis Mundi, Arbre de Jessé, Arbre de vie… chamaniques, ils nous entraînent au sein des représentations fondatrices, ils nous entraînent à leur suite, vers le haut, dans les profondeurs du « haut ». Voilà donné le meilleur de ce que l’artiste de cirque seul peut donner.

Le Cirque d’Hiver se souviendra d’Antoine et de Rocco. Le Cirque d’Hiver n’est pas ingrat, il se souviendra aussi de tous ceux qui contribuent à la réussite de l’artiste, il connaît le métier, il sait que pour en arriver là il faut de bon professeurs, de bons partenaires et un bon public. Nous avons donc décidé d’attribuer une médaille d’or à chacun de ces artistes ainsi qu’à tous ceux qui les accompagnent. 

Nous venons d’apprendre que le jury du festival n’avait qu’une médaille d’or dans sa poche et qu’il a choisi d’en récompenser le numéro de barre russe. The whote crow, le corbeau blanc. Rien à dire, c’était très fort. Ladies first ! Antoine et Rocco sont des gentlemen.

Le journal de couleur cirque

Antoine et Rocco’s Strained Silent Stage

« I’m terribly sorry to tell you that the performance is delayed about 30 minutes. If you are in a hurry, I recomend you to move to the next stage ».

Event though the audience heard the announcement, the crowd didn’t get small at all. What have they been waiting ? They were waiting for Antoine et Rocco. 

The stage was quiet, when the merformance began, and the atmosphere tense. Two french guys in black suit appeared, and started acrobat. As they look nervous, we got nervous too. Antoine et Rocco climed up and down on the chinese poll. There was a strained silence around the stage.

Although the performance was dark and tensed, Antoine et Rocco themselves were really nice guys. They have been performing together for 7 years since they met each other at the Dadogei World Cup. They said that Japanese audience was really « sympa » (nice), but they wanted more reactions from the audience. 

The contrast of thense and friendliness… This might be a secret of their popularity.

Dagodei world cup in Shizuoka

Antoine et Rocco, 30 et 32 ans, sont à l’affiche du 27ème festival mondial du cirque de demain, dont la mission est de révéler de jeunes talents.

Leur savoir-faire

A l’inverse des chinois, qui se satisfont d’une agilité tapageuse et d’une gestuelle rudimentaire, Antoine et Rocco, s’en rien perdre de la puissance physique nécessaire pour monter sur le mât ni du côté spectaculaire de la discipline, donnent une réelle couleur artistique à leur numéro. Pour eux, il ne s’agit plus d’enchaîner les figures, tels des gymnastes dans une compétition sportive, mais de trouver la solennité et la grâce qui donnent à leur duo une réelle force dramatique. L’exercice n’est plus lié au risque ni, pour le public, aux émotions primaires qui l’accompagnent, mais à une esthétique et à une émotion plus riches et sensuelles. Comme on dit au cirque, « ils ne se la jouent pas menthe à l’eau ».

Leur numéro

La formation d’un couple a toujours quelque chose de magique. Ces deux-là se sont trouvés et bien trouvés, malgré un destin farceur. Antoine Helou est né au Liban, Rocco Le Flem dans l’Essonne. Sur la piste, ils ont une réelle présence, sans avoir besoin de recourir à un attirail de couleurs et d’artifices habituels dans l’acrobatie. Comme deux gamins dans une cour d’école, ils s’amusent à se défier. Par jeu et par malice.

Thierry Voisin

L'express

Un Essonnien sous le chapiteau massicois dans un duo de mât chinois.

Au programme de cette 19ème édition du festival international du cirque de Massy, qui se déroule du 13 au 16 janvier, on retrouve cette année un Essonnien, Rocco Le Flem, qui vit depuis toujours à Igny. Il présentera un fabuleux de numéro de mât chinois avec son compère Antoine Helou. Au-delà de la performance physique qu’exige cette discipline, ce duo apporte une vraie touche esthétique sur la piste.

Son métier l’a fait voyager aux quatre coins du monde, du Brésil au Japon, en passant par l’Ukraine. Mais cette fois, c’est le déplacement professionnel le plus court qui l’attend, du 13 au 16 janvier, pour participer au festival international de cirque de Massy. Rocco Le Flem, 37 ans, vit depuis toujours à Igny. Il s’est assis sur les bancs de son école, avant de poursuivre au lycée Vilgénis de Massy. Plus tard, toujours dans l’Essonne, Rocco sera entraîneur de gymnastique à Igny, Morsang sur Orge, et à la Tricolore Sportive de Massy. Mais il aura fallu attendre cette 19ème édition du festival massicois pour qu’il pénètre, pour la première fois, sous le chapiteau massicois. Et ce sera au centre de la piste.Sous les yeux de sa famille et de ses proches, il y présentera un numéro de mât chinois en duo avec Antoine Helou.

A la force des bras autour d’un mât

Cette discipline acrobatique est très ancienne, puisqu’elle se pratiquait en Chine sous la dynastie de Han (206 av. JC – 220 ap. JC). A la force de leurs bras, Antoine et Rocco exécutent, pendant plus de 5 minutes, des mouvements spectaculaires autour d’un simple mât de 6 mètres de haut. Au-delà de la performance physique assez exceptionnelle, le duo a acquis  une notoriété pour l’esthétisme de son numéro, l’intensité dramatique qui s’en dégage. A la façon d’une danse ascensionnelle qui défit, à chaque instant, les lois de la gravité.
C’est en  qu’Antoine et Rocco se rencontrent, dans un grand parc d’attractions de la région parisienne. Les qualités d’acrobate de Rocco sont vite repérées et il découvre l’école de cirque des Noctambules à Nanterre (92). Un virage professionnel important pour Rocco, qui avait tenté l’examen d’éducateur physique (Capeps) qu’il préparait à l’unversité Paris-Sud 11, à Orsay. Après plusieurs années de travail au sein de cette école de cirque, en 2005, Antoine et Rocco dévoilent au grand jour leur numéro de mât chinois. D’abord dans l’émission de télévision « Le plus grand cabaret du monde », puis l’année suivante au Festival mondial du cirque de demain à Paris. Ils y décrochent uen prestigieuse médaille d’argent. Les propositions de tournée se multiplient alors pour le duo. Mais chacun souhaite également poursuivre son propre parcours. « C’est toujours un grand plaisir de se retrouver tous les deux pour ce numéro », commente Rocco. D’ailleurs, on fait appel à eux pour des spectacles, comme en ce début d’année poru un opéra joué au Luxembourg. Qu’importe finalement qu’ils remportent un prix au festival de cirque de Massy. « L’essentiel, c’est que le public soit heureux », estime Rocco qui ne manque pas par ailleurs de projets. « C’est aussi une forme de reconnaissance que d’être sélectionné sur ce festival, le plus important en France pour le cirque traditionnel », savoure-t-il. Mais en parallèle du dup qu’il forme avec Antoine, Rocco a monté sa propre compagnie de spectacles, les Krilati, avec Caroline Siméon. Une façon de conjuguer sa passion pour les acrobaties avec une performance théâtrale et artistique. « Je ne pourrais pas choisir entre la compagnie et mon numéro avec Antoine, ce sont deux performances différentes mais très complémentaires », analyse Rocco. Intitulé « Fando comme Lis », le premier spectacle des Krilati a bien voyagé en France. La seconde création, « Racines », leur ouvre désormais les portes à l’étranger. Une tournée est programmée en Ukraine au mois d’avril. L’an dernier, en guise de répétition générale du spectacle « Fando comme Lis » et avant d’être présenté à Paris, c’est le public essonien du festival itinérant Les Hivernales qui a eu la chance d’y assister, en primeur, à Itteville.

Olivier Fermé

Le journal de Massy

Antoine et Rocco, médaille d’argent au cirque d’hiver.

Antoine Helou et Rocco Le Flem, anciens élèves de l’école des Noctambules, dirigée par Michel Nowak, ont choisi l’une des disciplines les plus contraignantes des arts de la piste : le mât chinois.

Vous venez de recevoir la médaille d’argent du Festival mondial du cirque de demain, pour un numéro de mât chinois. Pouvez vous nous présenter votre discipline ?
Antoine : Le mât chinois est une des nombreuses disciplines acrobatiques développées en Chine sous la dynastie des Han (206 av. JC – 220 apr. JC), lors des banquets orgiaques où les artistes devaient exécuter cent numéros à la suite. Les acrobates montaient au mât, en s’accrochant avec les mains, suspendant leurs corps dans le vide, l’enroulant autour du mât (la figure de base étant le drapeau).

Comment l’avez vous découverte ?
Antoine :
Je l’ai découverte chez Michel Nowak, aux Arènes de Nanterre, et j’ai initié Rocco. C’est une technique peu connue en France, mais qui est pratiquée dans toute l’Asie (Chine, Corée, Viêt-Nam). Elle correspond parfaitement à notre envie de faire des choses spectaculaires. Monter rapidement sur un mât surprend toujours les gens ; cela a quelque chose d’animal.
Rocco : C’est un numéro très physique avec beaucoup d’accroches, des portées, des chutes…

Comment avez vous monté ce spectacle ?
Antoine :
Nous l’avons entièrement créé à deux mais nous nous sommes fait aider par un conseiller artistique pour le côté esthétique. Nous ne voulions pas nous contenter d’enchaîner des figures telles des gymnastes dans une compétition sportive. Notre duo devait être harmonieux, voire fusionnel.
Rocco : Les équilibres sur mât chinois exigent une parfaite connaissance de la gymnastique. Mais il faut avoir une certaine sensibilité pour transformer ces exercices sportifs en expression artistique.

C’est votre complicité qu’a voulu saluer le jury en vous attribuant ce prix ?
Rocco : 
Chaque numéro est noté sur 4 critères : le rapport au public, le niveau technique, l’originalité et la qualité artistique. Certes, notre complicité a dû jouer. Comme nous nous connaissons depuis longtemps, notre duo fonctionne bien.
Je crois qu’au fil du temps, nous avons acquis une réelle présence sur la piste qui fait qu’aujourd’hui nous n’avons pas besoin de recourir à de nombreux artifices.

Depuis combien de temps travaillez vous ensemble ? Quelle formation avez vous suivie ?
Antoine :
Nous travaillons ensemble depuis 5 ans, et nous sommes sur ce numéro depuis 3 ans. J’ai découvert les techniques du cirque à 20 ans, aux Arènes. J’y ai appris toutes les disciplines (acrobaties, équilibre, trapèze, mime, jonglage, équilibre sur matériaux, clown, cordes volantes) avec toutefois une prédilection pour l’acrobatie.
Rocco : J’étais gymnaste avant de devenir acrobate pour un parc d’attractions. C’est là que j’ai rencontré Antoine qui m’a initié au mât chinois. Puis j’ai découvert d’autres disciplines à l’école des Noctambules. Michel Nowak nous a encouragé à monter un duo. Grâce à lui, nous avons forgé notre numéro dans des festivals de rue comme Parade(s). Quand nous nous sommes sentis prêts, nous sommes partis en tournée aux quatre coins du monde.

Avez-vous d’autres numéros en dehors de celui-là ?
Antoine :
Oui, nous travaillons chacun de notre côté pour différentes compagnies. Mais nous devrions être assez sollicités dans les mois à venir pour ce numéro. Obtenir la médaille d’argent nous a ouvert des portes.
Rocco : Depuis, nous avons pas mal de contacts dans le milieu artistique car beaucoup de professionnels assistent à ce festival. Par aillleurs, je travaille régulièrement avec la compagnie Transe Express (théâtre de rue) où je fais un numéro avec des sangles. Je viens également de monter ma propre compagnie, les Krilati (ailés en russe), avec une trapéziste. Nous allons jouer notre premier spectacle, « Fando comme Lis », les 10 et 11 juin pour Parade(s).

Propos recueillis par Isabelle Pauty

 

Vivre à Nanterre